Page:Conscience - Le Lion de Flandre, 1871.djvu/107

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

rasse dont l’épée de messire de Saint-Pol avait trouvé le défaut et sous laquelle Adolphe avait reçu sa blessure, et, à côté de la cuirasse, il y avait une harpe aux cordes détendues. Un morne silence régnait autour du blessé. Les fenêtres, à demi-closes, ne laissaient pénétrer dans la chambre qu’un jour douteux, où l’on entendait pour tout bruit, la respiration pénible du blessé et le froissement d’une robe de soie.

Mathilde était assise dans un coin de la chambre, silencieuse et les yeux baissés. Le faucon favori, penché sur le dossier de son siége, ne semblait pas indifférent à la douleur de sa maîtresse, sa tête était ployée sous ses plumes et il ne faisait pas le moindre mouvement.

La jeune fille jadis si légère et si joyeuse, et que le chagrin ne semblait devoir jamais atteindre, était aujourd’hui bien changée. La captivité de tous ceux qui lui étaient chers avait vivement frappé son jeune cœur et tout, désormais, apparaissait sombre et triste à ses yeux. Le ciel n’avait plus d’azur, les bois plus de feuillage, les champs plus de verdure ; les rêves doux et brillants avaient fui !… Aujourd’hui, la tristesse et le désespoir trouvaient seuls le chemin de son âme et rien ne pouvait la consoler, ni écarter de son esprit la cruelle pensée de la captivité de son père.

Après être demeurée assise pendant quelque temps, elle se leva lentement et prit son faucon sur le poing. Toujours pleurant, elle contempla l’oiseau et se mit à