Page:Conscience - Le Lion de Flandre, 1871.djvu/109

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lement flétries et ses larmes continuelles avaient rougi ses paupières. Le charme séduisant de ses traits avait disparu, et ses yeux avaient perdu leur feu et leur vivacité.

Elle resta longtemps abîmée dans sa douleur et son esprit se livrait tour à tour à toutes les pensées qui pouvaient encore l’accroître. Son imagination désolée évoquait sans cesse, sous ses yeux, les scènes les plus lugubres : elle voyait son père enchaîné au fond d’un humide cachot, elle entendait le bruit de ses fers, et les échos de ce sinistre séjour qui répétaient les lamentations du prisonnier. Le poison, la mort lui apparaissaient sans cesse et la jetaient dans d’incessantes tortures ; elle pleurait, elle priait, et son âme triste, était triste jusqu’à la mort.

Un soupir étouffé se fit entendre dans la direction du lit.

Mathilde se hâta d’essuyer ses larmes et courut, avec une inquiète sollicitude, auprès du malade. Après avoir rempli la coupe d’argent d’une boisson salutaire, elle passa la main droite sous la tête d’Adolphe, la souleva légèrement et porta la coupe à ses lèvres.

Les yeux du chevalier s’ouvrirent tout grands et s’attachèrent sur la jeune fille avec une expression étrange. Une vive reconnaissance brillait dans son regard fiévreux, et un sourire indéfinissable se dessina sur son pâle visage.

Depuis qu’il avait reçu sa blessure, le chevalier