Page:Conscience - Le Lion de Flandre, 1871.djvu/110

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

n’avait pas encore articulé un seul mot distinctement ; il semblait même qu’il n’entendît pas les paroles qui lui étaient adressées. Seulement, à quelques indices presque imperceptibles, on pouvait croire qu’il entendait Mathilde, lorsque celle-ci lui disait d’une voix douce et mélancolique :

— Guérissez-vous, monseigneur Adolphe, mon frère bien-aimé, guérissez-vous bien vite ; je prierai bien pour vous ; car votre mort me rendrait, en ce monde, bien plus malheureuse encore que je ne suis !

Quand elle disait cela, et bien d’autres choses encore, sans arrière-pensée, au chevet du malade, Adolphe l’avait toujours entendue et comprise, bien qu’il n’eût ni la force ni le pouvoir de parler.

Pendant la nuit précédente, une visible amélioration s’était produite dans l’état du blessé. La nature, après une longue lutte, l’emportait sur la maladie ; un sommeil réparateur lui avait rendu quelque force et le sentiment de l’existence, et déjà un soupir s’échappait librement de son sein.

Aussitôt que Mathilde eût écarté la coupe de ses lèvres, elle fut vivement surprise en l’entendant dire d’une voix faible mais bien distincte :

— Ô noble jeune fille ! ô mon ange gardien ! Je remercie Dieu des consolations qu’il m’a envoyées par vous. Suis-je donc digne de votre sollicitude généreuse, Mathilde, comment ai-je mérité que votre auguste main soutienne si affectueusement ma tête ?