Page:Conscience - Le Lion de Flandre, 1871.djvu/115

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votre blessure. Buvez beaucoup de cette eau et tenez-vous aussi immobile que vous le pourrez. En moins d’un mois nous irons faire ensemble une promenade hors de la ville. Je l’espère du moins, car des accidents imprévus pourraient seuls retarder votre guérison. Toutefois, comme votre âme n’est point aussi malade que votre corps, je permets à mademoiselle Marie de vous faire connaître les tristes événements qui se sont accomplis depuis votre blessure, à condition, toutefois, messire, que vous ne vous tourmenterez pas trop et que vous garderez votre calme.

Marie avait déjà approché deux siéges et elle s’assit avec maître Rogaert au chevet du blessé. Le chevalier les regardait avec la plus vive curiosité, et on pouvait lire sur son visage qu’il s’affligeait d’avance de ce qu’il allait apprendre.

— Laisse-moi parler jusqu’au bout, dit Marie, ne m’interromps pas et sois courageux, mon frère… Dans la soirée du jour qui te fut si fatal, monseigneur le comte Guy réunit ses fidèles vassaux et leur déclara qu’il voulait entreprendre le voyage de France pour aller se jeter aux pieds de Philippe le Bel. Il en fut ainsi résolu, et il partit avec cinquante nobles seigneurs pour Compiègne ; mais, lorsqu’ils arrivèrent dans cette ville, ils furent faits prisonniers et aujourd’hui notre pays est sous la domination française : Raoul de Nesle gouverne la Flandre…[1]

  1. Raoul de Nesle, nommé gouverneur du pays de Flandre,