Page:Conscience - Le Lion de Flandre, 1871.djvu/119

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— Vraiment, maître Rogaert, ce séjour serait parfaitement sûr ; mais, d’après votre dire à vous-même, les bandes françaises sont répandues dans toute la Flandre, et il me semble très-périlleux, pour une femme, d’entreprendre un voyage dans de telles circonstances. Une escorte ne pourrait l’accompagner, car elle augmenterait le danger. Et puis, laisserais-je donc la comtesse Mathilde partir seule avec une faible escorte ? Non, non, je dois veiller sur elle comme sur mon propre salut ; songez-y bien, Robert de Béthune, mon maître, me redemandera un jour compte de sa fille.

— D’accord, messire Adolphe, mais n’exposez-vous pas davantage la comtesse en la retenant dans le pays de Flandre. Ici, qui la protégera ? Ce n’est pas vous, vous ne le pouvez pas. Les nobles de la ville ne le feront pas davantage : ils sont trop soumis aux volontés de la France ; et que deviendrait donc la pauvre jeune fille si elle était découverte par les Français ?

— Eh bien ! moi je lui ai trouvé un protecteur, répondit Adolphe. Que l’on envoie, à l’instant, chercher le doyen des tisserands. Maître Rogaert, ajouta-t-il, je placerai notre jeune comtesse sous la protection de la commune. Croyez-vous que ce soit une banne inspiration, dites-moi ?

— Je le crois, reprit maître Rogaert ; oui, c’est là une excellente idée ! Mais vous ne réussirez pas, car le peuple est trop irrité contre tout ce qui porte un