Page:Conscience - Le Lion de Flandre, 1871.djvu/127

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semblable à celui de de Coninck, mais orné avec plus de goût, et un long poignard était suspendu à sa ceinture. En entrant dans la salle il rejeta ses cheveux blonds sur ses épaules et s’arrêta tout confus sur le seuil de la porte. Il avait cru trouver le doyen des tisserands avec quelques compagnons, et, en apercevant cette charmante jeune fille et de Coninck incliné devant elle, il ne sut plus que penser. Toutefois, ni cette indécision ni les regards interrogateurs de maître Rogaert ne le déconcertèrent. Il se découvrit la tête, salua rapidement les personnes présentes et alla droit à de Coninck auquel il frappa familièrement sur l’épaule.

— Enfin, maître Pierre, dit-il, je vous trouve, il y a bientôt deux heures que je vous cherche. J’ai parcouru toute la ville sans pouvoir vous rencontrer… Vous ne savez pas ce qui se passe, ni la nouvelle que j’apporte ?

— Qu’est-ce donc, maître Breydel ? demanda de Coninck avec impatience.

— Ne me regardez pas si fixement de votre œil gris, doyen des tisserands, s’écria Breydel, dans lequel nos lecteurs ont sans doute déjà reconnu une ancienne connaissance ; vous savez bien que je n’ai pas peur de votre regard de chat… mais peu importe cela ! Venons au fait. Eh bien, le roi Philippe et la damnée Jeanne de Navarre arrivent demain à Bruges… et ces beaux sires de magistrats ont demandé cent tisserands, quarante bouchers et je ne