Page:Conscience - Le Lion de Flandre, 1871.djvu/159

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le berger jusqu’au tisserand, depuis le teinturier jusqu’au marchand étranger qui venait des pays lointains échanger son or contre le drap de Flandre, étaient représentées sur les murailles par de gracieux petits anges. Quelques tables de chêne et des siéges massifs reposaient sur le pavé en pierre de taille ; six fauteuils, garnis de velours, indiquaient la place réservée, au fond de la salle, au doyen et aux anciens.

Peu de temps après l’envoi du concierge, un grand nombre de tisserands étaient déjà réunis dans la salle. Ils s’entretenaient avec la plus vive animation du nouvel impôt, et l’on pouvait lire sur leurs traits le plus profond mécontentement ; la plupart proféraient des menaces contre les magistrats, quelques-uns, cependant, ne semblaient pas disposés à une trop forte résistance. À chaque instant quelque maître arrivait. De Coninck alors entra dans la salle et traversa lentement les rangs de ses compagnons, pour se rendre au grand siége qui lui était destiné. Les anciens se placèrent près de lui, la plupart des autres tisserands restèrent debout à côté de leurs siéges pour mieux lire sur le front sévère de leur doyen le commentaire de ses éloquentes paroles : ils étaient en ce moment au nombre de soixante.

Dès que de Coninck vit l’attention de l’auditoire fixée sur lui, il se leva, étendit la main par un geste énergique et s’exprima en ces termes :

— Frères, faites bien attention à mes paroles ; car