Page:Conscience - Le Lion de Flandre, 1871.djvu/161

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est un lâche ; qui l’oublie renie sa dignité d’homme ! ce n’est plus qu’un vil esclave digne de tous nos mépris !

Un tisserand nommé Brakels qui, deux fois déjà, avait été doyen, se leva à ce moment et interrompit brusquement de Coninck.

— Vous parlez toujours de servitude et de droit ! s’écria-t-il. Qui vous dit que les magistrats songent à nous rendre esclaves ? Ne vaut-il donc pas mieux payer huit gros et demeurer en paix ? Si l’on vous écoute et si l’on vous obéit, il est facile de prévoir qu’il y aura du sang versé ; et bon nombre d’entre nous auraient à ensevelir leurs enfants ou leurs frères,

— et tout cela pour huit gros ! Oui vraiment, si l’on vous en croyait, les tisserands manieraient plus souvent le goedendag que la navette ; mais j’espère, pour ma part, qu’il y aura parmi nos maîtres ici réunis, beaucoup d’hommes sages et peu disposés à suivre vos conseils insensés.

Ce discours jeta la plus grande agitation parmi les tisserands ; ils témoignèrent par leurs gestes qu’ils partageaient les sentiments de l’orateur. La plupart désapprouvèrent la sortie de Brakels.

De Coninck avait promené un regard rapide sur toutes les physionomies ; il avait compté le nombre de ses adhérents, et, heureux de puiser dans cet examen la conviction que bien peu partageaient les craintes de son adversaire, il répondit :

— Il est expressément écrit dans la loi qu’on ne