Page:Conscience - Le Lion de Flandre, 1871.djvu/180

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même silence, les tisserands et les bouchers étaient réunis, de leur côté, avec les compagnons de quelques autres métiers, dans la rue Flamande.

De Coninck et Breydel se promenaient seuls à quelque distance des groupes, et convenaient du projet qu’ils allaient mettre à exécution. Les tisserands et les bouchers devaient attaquer les léliards, et pendant ce temps-là, les autres compagnons devaient se rendre maîtres des portes de la ville et les tenir fermées, afin que l’ennemi ne pût recevoir de secours du dehors.

Les deux partis étaient ainsi en présence non loin l’un de l’autre sans le savoir, lorsque la cloche de l’église de Saint-Donat sonna l’Angelus. Alors on entendit les pas des chevaux de Jean de Gistel retentir sur le pavé ; les corps de métier se mirent également en mouvement et marchèrent en silence au-devant des léliards. Ce fut précisément sur le marché que les deux troupes se rencontrèrent ; les partisans de la France débouchaient par la rue Breydel, au moment où les métiers étaient encore dans la rue Flamande. Aussi grand fut l’étonnement des léliards quand ils les aperçurent s’avançant vers eux. Cependant comme ils étaient chevaliers et hommes d’armes, ils ne renoncèrent pas à leur projet.

Bientôt la trompette donna le signal et les cavaliers volèrent au-devant des bourgeois encore resserrés dans une rue étroite. Les lances des léliards s’abaissèrent et rencontrèrent les goedendags des tisserands