Page:Conscience - Le Lion de Flandre, 1871.djvu/184

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naissait l’indomptable peuple de Bruges. Mais, une demi-heure après son arrivée, la troupe du sire de Saint-Pol apparut dans le lointain ; les pointes des lances et les cimiers des casques resplendirent à l’horizon sous les premiers rayons du soleil ; d’épais nuages de poussière enveloppaient les chevaux qui traînaient des machines de guerre.

Le petit nombre de Brugeois qui gardaient la porte et les murailles, ne virent pas sans crainte l’approche de cette troupe. En apercevant les lourdes portes et les redoutables engins de siége, ils furent saisis d’un pénible pressentiment. Cette nouvelle se répandit en peu d’instants dans toute la ville, et le cœur des femmes se serra d’effroi et de douleur. Les gens des métiers étaient encore campés autour du Burcht, quand ils apprirent l’arrivée de l’armée. Alors ils laissèrent un certain nombre d’entre eux autour du Burcht pour s’opposer à la sortie des léliards, coururent en toute hâte aux remparts, et se répandirent sur les murs menacés. Ce ne fut pas sans crainte pour leur ville natale qu’ils aperçurent les troupes françaises déjà occupées à faire tous les préparatifs du siége.

Les assiégeants travaillaient à une grande distance des murailles, hors de la portée des flèches qui leur seraient lancées de la ville : ils poursuivaient tranquillement leurs préparatifs, tandis que Châtillon, avec ses cavaliers, avait pour mission d’empêcher toute sortie des assiégés. Bientôt de hautes tours avec