Page:Conscience - Le Lion de Flandre, 1871.djvu/185

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des ponts-levis se dressèrent au milieu de l’armée française ; les béliers et les catapultes étaient presque terminés, et tout prédisait aux Brugeois un sort terrible.

Quelque grand que fût le péril, il n’y eût cependant ni lâche terreur ni la moindre indécision dans leurs âmes : leurs regards se portèrent fixes et immobiles sur l’ennemi, leurs cœurs battirent vivement, leur respiration devint courte et haletante ; mais bientôt, et sans qu’ils eussent détourné les yeux de l’ennemi, le sang circula plus librement dans leurs veines ; un feu viril enflamma leurs joues, et chacun sentit s’enflammer dans son cœur un ardent désir de vengeance et un héroïque ressentiment.

Un seul homme, sur les remparts, paraissait joyeux et content ; à voir l’agitation de ses mouvements et le sourire de ses lèvres, on eût dit qu’il voyait approcher un grand bonheur. Par moments son œil de flamme se détachait de l’ennemi pour se reporter sur la hache qui brillait dans sa main robuste, et dont il caressait avec amour le tranchant meurtrier. — Cet homme était l’intrépide Jean Breydel.

Les doyens des métiers se trouvaient tous auprès de de Coninck, attendant ses conseils et ses ordres. Selon sa coutume, le doyen des tisserands réfléchit longtemps. Cette lenteur à prendre une décision fit perdre patience à Breydel, qui s’écria enfin :

— Eh bien, maître de Coninck, qu’ordonnez-vous ? Sortons-nous des portes et tombons-nous sur le