Page:Conscience - Le Lion de Flandre, 1871.djvu/199

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nalière et la surveillance incessante de de Coninck, ne pouvaient le rassurer ; mais quand plusieurs semaines se furent écoulées, sans qu’il eût été inquiété par les Français, il se figura qu’ils avaient oublié mademoiselle de Béthune, et qu’ils ne voulaient rien entreprendre contre elle. Grâce à sa constitution robuste et aux bons soins de maître Rogaert, ses blessures étaient tout à fait guéries et ses couleurs lui revenaient avec la vie ; mais il lui restait une grande tristesse. Le malheureux chevalier voyait la fille de son suzerain et de son bienfaiteur, devenir plus pâle chaque jour. Maigre et souffrante, pareille à une fleur flétrie, Mathilde languissait en proie à de douloureuses pensées. Et lui, qui devait la vie à ses soins généreux, ne pouvait rien pour l’aider ou la consoler. Ses paroles amicales restaient sans effet sur la malheureuse enfant, qui pleurait sans cesse en redemandant son père. Elle n’avait reçu aucune nouvelle de ses parents prisonniers, et se croyait séparée de sa chère famille. Adolphe s’efforçait d’adoucir ses chagrins. Il composait pour elle des poëmes et des chansons, jouait de la harpe ou célébrait les hauts faits de Robert ; mais tout cela était impuissant pour chasser les sombres rêveries de la jeune fille. Elle était douce, reconnaissante et affectueuse, mais elle ne s’intéressait à rien : son faucon même était oublié et délaissé.

Quelques semaines après sa complète guérison, Adolphe s’éloignait de la ville à pas lents, et se pro-