Page:Conscience - Le Lion de Flandre, 1871.djvu/200

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menait en rêvant par les sentiers étroits qui traversent la campagne près de Sevecote[1]. Le soleil était très-bas à l’horizon, et le couchant se couvrait déjà de couleurs éclatantes. La tête courbée sous le poids d’amères réflexions, Adolphe marchait machinalement presque sans savoir où. Des larmes s’échappaient de ses yeux, et, de temps en temps, un soupir soulevait sa poitrine ; il se fatiguait l’esprit à chercher quelques soulagements au sort de la jeune Mathilde, et son désespoir ne faisait qu’augmenter, car il ne trouvait rien pour la consoler. Il la voyait pleurer, il la voyait dépérir de jour en jour, et il lui fallait contempler cette tristesse, les bras croisés, impuissant à la dissiper.

La situation était pénible pour un brave chevalier comme lui, et souvent il s’en mordait les lèvres ; mais à quoi bon ? Il ne pouvait plus rien que pleurer sur elle et espérer des jours meilleurs.

Quand il fut loin de la ville, il se laissa tomber sur l’herbe et s’assit au bord du chemin, accablé sous le poids de ses pénibles pensées. Tandis qu’il était là, pensif, les yeux fixés à terre et sa tête appuyée sur ses mains, un autre personnage s’approchait à pas lents.

Le costume de ce nouveau venu se composait d’un froc de laine brune, avec un vaste capuchon qui lui retombait sur le dos. Une barbe grise lui descendait

  1. Un hameau près de Bruges.