Page:Conscience - Le Lion de Flandre, 1871.djvu/205

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au tombeau. Cette triste pensée accable le tendre père, et sa captivité lui devient intolérable ; un désespoir amer remplit son âme, et ses jours sont plus pénibles que les jours d’une âme damnée.

Un signe du moine arrêta la parole sur les lèvres d’Adolphe, ému de compassion au moment où il allait parler de Mathilde.

— Réfléchissez maintenant, reprit l’étranger d’un ton solennel, si vous osez risquer votre vie pour le Lion, votre seigneur. Le châtelain de Bourges consent à lui rendre pour quelque temps sa liberté sur parole ; mais il faut qu’un sujet fidèle et généreux se constitue prisonnier à sa place.

Le pauvre chevalier tomba à genoux devant le prêtre, et lui baisa les mains en pleurant.

— Ô heure fortunée ! s’écria-t-il, obtiendrai-je cette consolation pour Mathilde ? Verra-t-elle son père, ô Dieu ! et remplirai-je cette mission sainte ? Comme mon cœur bat joyeusement ! L’homme le plus heureux du monde est à vos pieds, seigneur prêtre ! Si vous saviez quelle joie pure et salutaire vos paroles me font goûter ! Oui, j’accepterai les chaînes, je les porterai avec reconnaissance comme un collier précieux ; ces fers me seront plus agréables que de l’or ! Ô Mathilde, Mathilde ! que le vent vous apporte cette bonne nouvelle !

Le moine laissa passer l’agitation du chevalier et se leva. Adolphe marcha derrière lui dans le sentier, et tous deux se dirigèrent lentement vers la ville.