Page:Conscience - Le Lion de Flandre, 1871.djvu/212

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la lettre et l’heureuse nouvelle me sont parvenues. J’étais assis dans les champs à Sevecote, plongé dans une profonde rêverie, et je priais ardemment le Seigneur d’avoir pitié de mon malheureux souverain. Quel ne fut pas mon étonnement lorsque, en levant la tête, je vis un prêtre debout devant moi. Ma première pensée fut que ma prière était exaucée, et, en effet, c’est de ses mains que je reçus la lettre et de sa bouche que j’appris la nouvelle. Votre père peut quitter sa prison pour quelques jours ; mais il faut qu’un autre chevalier porte ses chaînes à sa place.

— Ô joie ! s’écria Mathilde, je le verrai, je lui parlerai, mon père, mon cher père ! Comme mon cœur s’élance au-devant de vos étreintes ! Adolphe, vos douces paroles me transportent de joie, mon frère ; mais qui voudra prendre la place de mon père ?

— L’homme est trouvé, répondit le chevalier.

— Que la bénédiction du Seigneur descende sur lui ! sa générosité me rend la vie. Cet homme, je l’aimerai et le bénirai toujours ! Mais quel est donc ce chevalier magnanime ?

Adolphe plia le genou devant elle :

— Quel autre que votre serviteur Adolphe, ô noble fille du Lion, mon seigneur !

Mathilde le regarda avec attendrissement et le releva en disant :

— Adolphe, mon bon frère, comment puis-je payer jamais un pareil sacrifice ? Je sais ce que vous