Page:Conscience - Le Lion de Flandre, 1871.djvu/217

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de monseigneur de Béthune dans sa prison ; elle n’avait vu de ce voyage que le bon côté, c’est-à-dire le retour de son père ; mais, au moment où celui qu’elle appelait son bon frère allait la quitter, une tristesse immense lui serra le cœur.

Elle refoula les larmes qui brillaient déjà dans ses yeux, et détacha le ruban qui pendait à sa coiffure.

— Tenez, dit-elle, recevez ce gage de la main de votre sœur reconnaissante ; qu’il vous rappelle celle qui n’oubliera jamais votre noble action. C’est ma couleur favorite.

Le chevalier mit un genou en terre pour recevoir le gage, et le porta à ses lèvres avec transport.

— Ô Mathilde ! s’écria-t-il, je n’ai pas mérité cette faveur ; mais vienne le moment où je pourrai verser mon sang pour la maison de Flandre, et je saurai me rendre digne de votre amitié et de votre bonté.

— Messire, il est temps, trêve de remerciements, je vous prie, interrompit Didier.

Ces paroles furent accompagnées d’un geste que le jeune homme interpréta comme un ordre irrévocable, car il n’essaya pas de résister.

— Adieu ! Mathilde.

— Adieu ! Adolphe.

Et le chevalier sortit en toute hâte. Arrivé au perron, il se mit en selle avec Didier ; quelques instants après, deux chevaux galoppaient bruyamment par les rues solitaires de la ville, et disparaissaient par la porte de Gand.