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XI


La bande des ravisseurs est là, le capitaine appelle du dehors le nain qui garde le château ; il fait ouvrir la porte, tomber le pont-levis et entrer les cavaliers. — Celui qui, de la forêt, eût pu voir le burg lorsque les ravisseurs et le butin y entrèrent, aurait cru certainement qu’un des dieux infernaux lui mettait devant les yeux le lien du martyre éternel ; on voyait, à la clarté des flambeaux, tout ce qui fait frissonner : la lune éclairait a demi des chevaux blancs d’écume, des brillants boucliers près des épées étincelantes, et, au milieu du cortège ravisseur, cette faible jeune fille arrachée à son sang. Ce sombre tableau qui se déployait sur ces murailles grises, à la lueur d’une lumière vacillante, le bruit des chaînes, le cliquetis des armes, le hennissement des coursiers, et le vacarme des appels et des jurons, mais surtout le cri de femme retentissant comme les sifflements du vent au milieu de la tempête. Tout cela effrayait l’esprit en même temps par les oreilles et par les yeux.
xxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxJoh. Alf. de Loct.



L’année 1280, un terrible incendie avait entièrement détruit la vieille halle, près du marché. La tour de bois qui la surmontait avait disparu dans les flammes avec toutes les chartes de la ville de Bruges[1]. Quelques vieilles murailles étaient restées

  1. Le 15 août 1280, brûla, à Bruges, la halle ainsi que la