Page:Conscience - Le Lion de Flandre, 1871.djvu/219

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intactes, dans la partie inférieure du bâtiment, et, avec celles-ci, quelques chambres qui servaient quelquefois de corps de garde. Les Français avaient choisi les chambres abandonnées de la vieille halle pour lieu de réunion, et c’était là qu’ils passaient leurs loisirs à faire bonne chère et à jouer.

Quelque temps après le départ d’Adolphe de Nieuwland, huit soldats français se trouvaient dans une des chambres les plus reculées de ces ruines. Une grande lampe en terre cuite envoyait ses rayons jaunes sur leurs figures, et une fumée noire montait de la flamme vers la voûte ; sur les murs, à la clarté de la lampe, on distinguait encore quelques ornements endommagés de la construction romaine. Une statue de femme, sans mains, et dont le visage était défiguré par le temps, se trouvait dans une niche à l’extrémité de la chambre. Quatre soldats étaient assis devant une lourde table de bois, et jouaient aux dés ; d’autres se tenaient debout derrière leurs camarades, et suivaient curieusement les chances du jeu. Il était clair que ces hommes n’étaient pas venus là uniquement pour brelander ; car le casque brillait sur leurs têtes, et de larges épées pendaient à leur ceinture, comme s’ils s’étaient préparés au combat

    tour qui n’était faite que de bois, et dans laquelle les privilèges de la ville périrent dans les flammes. (Annales de Bruges)