Page:Conscience - Le Lion de Flandre, 1871.djvu/230

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fois répétés, elles suivirent enfin l’officier jusque dans le vestibule.

— Ô messire, s’écria Marie, dites-moi où vous conduisez ma malheureuse amie ?

— En France, répondit de Cressines ; et se tournant vers les soldats :

— Faites attention à mes paroles : celui qui osera risquer devant cette dame une parole inconvenante, sera sévèrement puni ; je veux qu’on la traite selon la noblesse illustre de sa naissance. Qu’on aille chercher les chevaux dans la rue de la Halle.

Mathilde se trouvait près des soldats, ses larmes coulaient en silence sous le voile qui couvrait sa figure. Une de ses mains était restée dans la main de Marie, et elles étaient toutes deux immobiles comme des statues. Les mots étaient insuffisants pour exprimer les pénibles émotions qui avaient agité leur cœur à cette amère séparation.

Les chevaux étaient arrivés devant la porte. La jeune fille avec l’aide de messire de Cressines, fut placée sur un léger coursier. Maître Brakels et les domestiques furent lâchés, et la troupe partit rapidement par les rues de Bruges. Quelques instants après, ils furent en pleine campagne et dans des chemins que Mathilde ne reconnaissait pas ; la nuit était noire et un silence solennel planait sur la nature endormie. Messire de Cressines ne quittait pas le côté de Mathilde ; comme il ne voulait pas