Page:Conscience - Le Lion de Flandre, 1871.djvu/231

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

distraire la jeune fille de sa tristesse, il ne lui parla pas et aurait peut-être fait le voyage sans mot dire, si la jeune Mathilde ne lui eût demandé la première :

— M’est-il permis, messire, de savoir quelque chose du sort qui m’attend, et puis-je vous demander de qui vient l’ordre qui m’arrache de ma demeure ?

— L’ordre m’est donné par le sire de Châtillon, répondit de Cressines ; peut-être lui est-il envoyé par une main plus puissante, car votre voyage cesse à Compiègne.

— Oui, soupira la triste jeune Fille : Jeanne de Navarre m’attend. Il ne lui suffisait pas de mon père et de tous mes parents : je manquais encore. Maintenant, sa vengeance est complète. Ô messire, vous avez une méchante reine !

— Un homme ne pourrait pas dire cela devant moi : c’est vrai, madame, notre reine agit sévèrement avec les Flamands, et j’éprouve la plus vive compassion pour le vaillant seigneur de Béthune.

— Pardonnez-moi, messire, votre fidélité de chevalier mérite mon estime. Je ne me plaindrai pas de votre reine, et m’estimerai heureuse d’avoir, dans mon infortune un digne chevalier comme Votre Seigneurie pour guide.

— Ce serait un vrai plaisir pour moi d’accompagner Votre Seigneurie jusqu’à Compiègne ; mais cet honneur ne m’est pas accordé ; dans un quart