Page:Conscience - Le Lion de Flandre, 1871.djvu/241

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sait d’une trentaine de huttes de chaume disséminées çà et là dans la limite féodale. Entre les bois impénétrables qui entouraient le village, le travail des hommes avait donné au sol une admirable fertilité. Comme la terre, dans cette contrée, paraissait reconnaissante envers les habitants et les récompensait par une riche moisson, on aurait cru que les habitants devaient vivre dans un état de bien-être ! Et, cependant, leur costume et tout leur extérieur portaient les signes du besoin. L’esclavage et la domination violente étaient les causes de leur misère : la sueur de leur front ne coulait ni pour eux, ni pour leur famille ; tout était pour le seigneur féodal, et ils s’estimaient heureux lorsqu’après avoir payé la redevance féodale, il leur restait encore assez pour se donner les forces nécessaires au rude labeur de la terre.

À peu de distance du village, il y avait une place carrée, autour de laquelle quelques maisons en pierre étaient bâties l’une près de l’autre ; au milieu se dressait un pilier en pierre, droit comme une aiguille, auquel était attachée une chaîne avec un collier de fer ; c’était le signe de la justice comtale et le carreau ordinaire auquel on exposait les malfaiteurs. Une petite chapelle s’élevait sur l’un des côtés de la place, et les murs du cimetière y faisaient une emprise de quelques pieds.

À côté se trouvait une maison assez haute, le seul cabaret ou taverne de Male où l’on vendait de la