Page:Conscience - Le Lion de Flandre, 1871.djvu/240

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quoique je sache que vous n’irez pas aujourd’hui à Thourout.

— Certainement, maître ; je n’ai plus de bétail dans mes étables et je dois m’en procurer pour la nuit.

— Vous ne pouvez me tromper, maître Jean ; je vous connais depuis trop longtemps. Je lis dans vos yeux le fond de votre âme. Vous allez directement à Male.

— Vous êtes sorcier, maître Pierre, car vous connaissez mieux ma pensée que moi-même. Oui, je vais à Male, mais je vous assure que ce n’est pas pour m’informer de la malheureuse fille de notre seigneur. Je vous promets de remettre la vengeance à un autre jour.

Les deux doyens sortirent ensemble de la boutique et se quittèrent après avoir causé encore quelques moments dans la rue. Breydel, après une demi-heure de marche, arriva dans le village de Male. La seigneurie de Male est à une petite lieue de Bruges.[1] Dans l’année où se passe notre histoire, elle se compo-

  1. Le château de Male existe encore. Lorsque j’allai le visiter pour pouvoir le décrire avec connaissance, je fus trompé dans mon attente. Depuis qu’on l’a rebâti, il ressemble plutôt à une grande ferme qu’à un bien seigneurial ; c’est avec peine que l’on découvre quelques restes des vieux remparts sous le gazon ; un perron de pierre est resté debout au milieu du village. Il y a quelques années, il y avait encore de grands bois dans les environs, mais la charrue y a passé depuis. (Note de l’auteur.)