Page:Conscience - Le Lion de Flandre, 1871.djvu/243

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de reconnaître, aux accents mâles et sonores qui retentissaient près de la cheminée, qu’on y parlait le flamand, tandis qu’au milieu de la chambre des sons plus efféminés et un grasseyement plus doux trahissaient la langue française. Parmi ceux qui s’exprimaient dans ce langage étranger et qui appartenaient à la garnison du château, il y en avait un, nommé Leroux, qui parlait avec hauteur à ses camarades, et comme un officier ; cependant il n’était qu’un soldat comme eux, mais ses membres d’hercule et sa force bien connue lui avaient acquis cette supériorité.

Pendant que les guerriers français vidaient leurs coupes avec de joyeuses exclamations, un autre soldat entra dans la taverne et leur dit :

— Çà, camarades, je vous apporte une bonne nouvelle. Nous allons quitter ce maudit pays de Flandre et peut-être demain nous rentrerons dans notre belle France.

Les soldats étonnés jetèrent des regards curieux sur le nouveau venu.

— Oui, reprit celui-ci, oui, demain nous partons avec la belle dame qui est venue nous visiter si mal à propos cette nuit.

— Dites-vous vrai ? demanda Leroux.

— Certainement c’est la vérité ! notre seigneur de Saint-Pol m’a envoyé pour vous avertir.

— Je vous crois, car vous êtes toujours un messager de malheur ! cria Leroux.