Page:Conscience - Le Lion de Flandre, 1871.djvu/249

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— Ne jurez pas, car vous comptez sans votre hôte. Croyez-vous que je me tairai pour vous ? Pour tous les wallons du monde, je ne garderais pas un mot sur le cœur. Et voyez, pour vous le démontrer, je bois en l’honneur du Lion et je brave les Français, entendez-vous ?

— Camarades, dit Leroux, écumant de rage, laissez-moi agir seul avec ce Flamand, il ne mourra que de ma main.

En disant ces paroles, il s’avança vers Breydel et cria :

— Vous mentez et vivent les lis !

— Vous mentez vous-même, et salut au Lion noir de Flandre ! répliqua Breydel.

— Venez, reprit le Français, vous êtes fort, je veux vous montrer que les lis ne doivent pas céder devant un Lion. Luttons jusqu’à la mort.

— Cela s’entend, répondit Jean Breydel. Seulement, dépêchons-nous. Je suis charmé d’avoir trouvé un ennemi courageux ; cela vaut la peine.

Ils furent bientôt hors de la taverne et marchèrent en murmurant sous les arbres. Quand ils eurent trouvé une place convenable, ils reculèrent de quelques pas et s’apprêtèrent à la terrible lutte. Breydel jeta son couteau et retroussa ses manches jusqu’aux épaules : ses bras musculeux stupéfièrent les soldats qui se tenaient autour d’eux pour être spectateurs de la lutte. Comme Breydel n’avait pas d’autre arme que