connu entre mille, dans ce fier cavalier, Robert de Béthune[1], fils aîné de Guy de Dampierre.
Chargé, depuis quelques années, du gouvernement intérieur de la Flandre, il avait, dans toutes les expéditions, commandé les bandes flamandes, et s’était acquis à l’étranger une glorieuse et universelle renommée. Durant la guerre de Sicile, où il se trouvait avec ses troupes dans les rangs de l’armée française,
- ↑ Le premier était Robert de Nevers ou de Béthune, qui rendit de grands services à la sainte Église, et, dans une expédition en Italie, tua Mainfroi, orgueilleux ennemi de la sainte religion, (L’Excellente Chronique.)
On connaît le fait auquel ce passage fait allusion. Charles d’Anjou, roi de Sicile, voulant faire la guerre à l’usurpateur Mainfroi, qui détenait son royaume contre la volonté du pape, réunit une armée française, composée de près de vingt mille hommes d’élite, et en donna le commandement supérieur à Robert de Béthune, qui n’avait alors que dix-huit ans. Quelque temps après, Charles d’Anjou fit prisonnier le jeune Conradin, petit-fils de l’empereur d’Allemagne, Frédéric. Charles, voulant se défaire d’un ennemi aussi illustre, résolut de le faire condamner à mort. Un seul juge osa prononcer la sentence mortelle, et le jeune Conradin fut conduit à l’échafaud pour y être décapité. Le juge, qui avait condamné Conradin, lui lut la sentence qui le déclarait traître à la couronne et ennemi de l’Église. Il finissait la lecture et prononçait la condamnation à mort, lorsque Robert de Flandre, le propre beau-frère de Charles d’Anjou, s’élança vers le juge, et lui plongeant son épée dans la poitrine, s’écria : « Il ne t’appartient pas, misérable, de condamner à mort un si noble et si gentil seigneur ! » Le juge tomba mort en présence du roi, et celui-ci n’osa venger son favori. Nombre d’autres traits de Robert de Béthune prouvent chez lui un courage héroïque et l’on pouvait dire de lui : « Il avait le courage d’un lion dans un corps de fer. »