Page:Conscience - Le Lion de Flandre, 1871.djvu/273

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bataille et qu’il n’aperçut plus d’ennemis, il descendit de son cheval, l’attacha à un arbre, et s’approcha de la jeune fille immobile : elle était étendue sous le corps du soldat, et ne donnait plus signe de vie ; la terre était labourée autour d’elle par les pieds des chevaux et pétrie comme de la boue. Il fut impossible au chevalier noir de reconnaître ses traits ; le sang des Français avait coulé sur ses joues et s’y était coagulé avec la paupière. Les chevaux avaient piétiné sur ses longues boucles soyeuses et les avaient enfoncées dans la terre. Sans plus long examen, le chevalier releva la malheureuse victime et la porta dans ses bras jusque dans les ruines de Nieuwenhove. Là, il la coucha doucement sur le gazon de la cour et entra dans l’autre partie du bâtiment. Parmi tous les murs debout il trouva encore une salle dont la voûte n’était pas tombée et qui pouvait servir d’abri. Les carreaux des fenêtres avaient bien éclaté par les flammes, mais les autres parties étaient encore intactes ; de longues bandes de tapis déchirés pendaient à la muraille, des restes de meubles et des lits brisés gisaient en désordre sur le sol. Le chevalier ramassa quelques-uns de ces restes et en fit, à l’aide de quelques planches, quelque chose qui ressemblait à un lit de camp ; alors il arracha les tapis de la muraille et les étendit sur les planches qu’il avait arrangées.

Enchanté de sa découverte, il retourna près de la jeune fille évanouie et la porta dans la salle. Il l’é-