Page:Conscience - Le Lion de Flandre, 1871.djvu/279

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ton père, ne me repousse pas ! Si tu savais, ma malheureuse enfant, quelles douleurs horribles ta résistance me cause, si tu connaissais la frayeur de ton père… Mais non, tu es égarée ; la poursuite des Français a frappé ton esprit. Ô désespoir !

Il voulut presser son enfant dans ses bras, mais elle s’effraya et cria d’une voix perçante :

Allez-vous-en : n’approchez pas vos bras de moi. Ce sont des serpents, ceux qui portent le déshonneur avec eux. Oh ! ne me touchez pas, laissez-moi, scélérat ! Au secours ! au secours !…

Par un mouvement désespéré, elle s’échappa des bras du chevalier et sauta de son lit en criant. Dans son égarement, elle courut vers l’entrée de la salle et voulut fuir. Le chevalier tremblant s’élança pour la retenir. Il entoura la pauvre fille avec un soin craintif et s’efforça de la ramener au lit ; mais elle, dans son égarement, le prenant pour un ennemi, se débattit violemment contre son père au désespoir. Par des efforts surhumains, elle s’arracha plusieurs fois de ses mains, et l’obligea à la poursuivre dans la salle ; elle poussait des cris horribles et le frappait avec énergie. Pour l’empêcher de sortir, il lui fallut la retenir de force en la serrant vigoureusement dans ses bras. Enfin, rassemblant toutes ses forces, il la leva et la replaça sur son lit. Elle le regarda avec une expression de reproche et se prit à pleurer amèrement.

— Vous avez triomphé d’une jeune fille, gémit-