Page:Conscience - Le Lion de Flandre, 1871.djvu/278

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Je vois déjà un rayon… une sainte lumière… allez-vous-en, scélérat !

Ses paroles se terminèrent par des sons étouffés, et devinrent inintelligibles. Sa physionomie s’obscurcit d’une expression de courroux.

Le chevalier effrayé ne savait que faire et sentait le courage l’abandonner. Il prit la main de la jeune fille et l’arrosa de larmes d’amour et de douleur. Elle retira sa main, et s’écria :

— Cette main n’est pas pour un Français ! Un chevalier félon, un ravisseur comme vous, ne peut pas la toucher. Vos larmes sont des taches que le Lion effacera avec du sang. Craignez, serpent ! Tremblez ! car le moment approche. Voyez-vous ce sang sur ma robe ? C’est aussi du sang français ; comme il est noir ! Le chevalier ne put résister plus longtemps à ce supplice, il tomba à genoux devant la comtesse, le visage suppliant et soupira :

— Pour l’amour du Seigneur, ma malheureuse Mathilde, ne repousse pas plus longtemps l’amour de ton père. Ne rends pas mon douloureux voyage inutile. Peux-tu regarder mes larmes d’un œil si indifférent et ta voix chérie ne prononcera-t-elle pas une seule parole de consolation ? Me laisseras-tu mourir de chagrin à tes pieds ? oh, je t’en supplie, toi à qui je donnai la vie, un baiser, ô un baiser de ta bouche !

La jeune fille le regarda avec dégoût.

— Une parole ! reprit le chevalier, nomme-moi