Page:Conscience - Le Lion de Flandre, 1871.djvu/292

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quittèrent le village de Sainte-Croix. Pendant ce voyage rapide, il ne leur fut pas possible de parler beaucoup ; cependant de Coninck répondit brièvement aux questions de Breydel, et déroula devant lui le plan hardi de la délivrance générale. Après avoir couru quelque temps à toute bride, ils aperçurent au-dessus des arbres la tour crénelée de Nieuwenhove.

— Est-ce là Nieuwenhove, où le Lion a tué tant de Français ? demanda Breydel.

— Oui, encore une demi-lieue jusqu’au Bois-Blanc.

— Vous devez reconnaître qu’on ne pouvait mieux baptiser notre seigneur Robert, car c’est un vrai Lion quand il a l’épée au poing.

Avant que Breydel eût achevé ces mots, ils étaient à la place où le chevalier noir avait combattu les ravisseurs de la jeune fille : ils virent les cadavres sanglants couchés par terre.

— Ce sont des Français, murmura de Coninck en passant sur l’accotement de la route ; avançons, maître, nous ne pouvons pas nous arrêter.

Breydel regarda cette scène horrible avec une joie haineuse ; il poussa son cheval sur les cadavres étendus, et força l’animal de les écraser. Il ne fit pas attention aux cris de de Coninck, et piétinait les cadavres l’un après l’autre, avec une cruelle précision. Le doyen des tisserands fut obligé de revenir contre son gré.

— Mais, maître Breydel, cria-t-il, que faites-vous ?