Page:Conscience - Le Lion de Flandre, 1871.djvu/303

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dant il se contint. Enfin Guy et Guillaume furent obligés de souscrire à la volonté des autres seigneurs, car ceux-ci étaient tous contraires au projet des deux cousins. Il fut décidé alors que de Coninck ferait camper ses gens à Damme et à Ardenbourg ; Guillaume de Juliers devait partir pour aller chercher ses reîtres en Allemagne ; le jeune Guy irait chercher les soldats du comte son frère ; messire de Renesse devait partir pour la Zélande, et les autres chacun pour ses domaines, afin de se préparer à la révolte générale.

Au moment où ils se serraient la main pour se quitter, le chevalier noir les retint d’un geste et s’écria :

— Messires !…

À sa voix, la stupeur se peignit sur les visages des chevaliers : ils se regardèrent par un coup d’œil furtif pour lire leurs impressions sur leurs physionomies ; mais le jeune Guy s’élança en avant :

— Ô heure fortunée ! dit-il ; mon frère, mon cher frère, votre voix pénètre au fond de mon cœur.

D’un geste rapide, il arracha le casque de la tête du chevalier noir et se jeta à son cou avec tendresse.

— Le Lion, notre comte ! fut le cri général.

— Mon malheureux frère, continua Guy, vous avez tant souffert ; j’ai tant déploré votre captivité ! mais maintenant, ô joie ! je puis vous embrasser ; vous avez donc brisé vos chaînes, et son souverain est