Page:Conscience - Le Lion de Flandre, 1871.djvu/310

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tends battre ton cœur contre le mien… Soyez loué, ô Dieu, qui avez envoyé tant de félicité aux hommes ! Reste ainsi contre mon cœur, mon cher père, car tes baisers m’enlèvent au ciel.

— Ton amour, ô mon enfant, s’écria Robert, efface tous les maux soufferts. Tu ne peux comprendre combien ton égarement a été pénible pour moi ; mais Dieu seul sait quelle joie en ce moment inonde mon cœur. Je veux multiplier mes baisers sur tes joues, car ils sont un baume sur les plaies de mon âme ; ma chère Mathilde, que ton sort était cruel !

Le jeune Guy s’était approché, se tenant les bras ouverts devant le lit, et paraissait aussi implorer un baiser. Aussitôt que Mathilde le reconnut, elle lui dit sans lâcher son père :

— Ah ! mon ami bien-aimé, vous êtes là aussi ! Vous pleurez sur moi ? et monseigneur Guillaume qui prie là-bas, et monseigneur Jean de Namur : sommes-nous donc à Wynendael ?

— Ma pauvre nièce, vos souffrances me brisent le cœur ! oh ! laissez-moi vous embrasser, car mon âme a besoin de soulagements.

Mathilde lâcha son père et se laissa embrasser par son oncle Guy. Alors sa voix devint plus forte, et elle s’écria :

— Monseigneur de Juliers, venez, embrassez-moi aussi, et vous aussi, mon bel oncle Jean, pressez-moi aussi sur votre cœur ; vous m’aimez tous si tendrement !