Page:Conscience - Le Lion de Flandre, 1871.djvu/323

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embarras ; c’est à Bruges que le feu de la révolte s’était montré pour la première fois. Breydel et de Coninck étaient les têtes de ce dragon qui refusait de se courber sous le sceptre de Philippe le Bel. Ce fut dans cette conviction que de Châtillon résolut de frapper un coup énergique et d’étouffer la liberté flamande dans le sang des rebelles ; il voulut employer cet affreux châtiment comme un terrible moyen d’intimidation. Il se hâta de réunir dix-sept cents cavaliers venant du Hainaut, de la Picardie et de ! a Flandre française ; il y joignit une nombreuse infanterie, et, plein de rage, il se mit en marche sur Bruges à la tête de cette armée.

Au milieu des vivres et des bagages qui accompagnaient le corps d’expédition, se trouvaient quelques grands tonneaux remplis de cordes auxquelles de Châtillon assignait une cruelle et affreuse destination. Elles devaient servir à pendre de Coninck, Breydel et leurs complices[1].

Afin que les klauwaerts n’eussent pas le temps de s’émeuter, comme cela était arrivé précédemment, le général français avait donné secrètement avis de son arrivée à messire de Mortenay : nul autre que le

  1. Jacques de Saint-Pol, qui se trouvait à Courtray, en apprenant que les gens de Bruges refusaient d’obéir à ses ordonnances, de payer l’impôt du penning et ne voulaient plus travailler, envoya à Bruges des tonneaux pleins de cordes pour pendre aux fenêtres de leurs greniers, tous les chefs des corps de métiers. (L’Excellente chronique.)