Page:Conscience - Le Lion de Flandre, 1871.djvu/331

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victimes était lancée du haut de l’échelle, les têtes se penchaient vers la terre et les yeux se détournaient de cet affreux spectacle. Beaucoup, sans doute, eussent quitté la place s’ils eussent osé bouger ; mais cela leur était interdit, et, au moindre mouvement qui se faisait dans la foule, les soudards, l’épée nue, venaient les contraindre à rester immobiles.

Il restait encore un klauwaert devant messire de Châtillon, son tour était venu ; il s’était confessé, il était prêt à mourir, cependant on ne se hâtait pas de procéder à son exécution : messire de Châtillon n’avait pas encore donné l’ordre. Pendant ce temps, messire de Mortenay demandait grâce pour le vieux Flamand ; mais de Gistel, qui portait à ce klauwaert une haine toute particulière, prétendait que c’était un des fauteurs de la rébellion, et que c’était lui qui avait fait le plus d’opposition à la domination française. Sur l’ordre de messire de Châtillon, il s’adressa au vieillard en ces termes :

— Vous avez vu comment vos compagnons ont été punis de leur insubordination, vous êtes condamné comme eux ; cependant le gouverneur du pays de Flandre, par égard pour vos cheveux blancs, veut vous traiter avec clémence. Il vous accorde la vie sous la condition que vous vous soumettiez désormais en fidèle sujet à la France. Sauvez-vous en criant : — Vive la France !

Le vieillard jeta un regard plein de mépris et de