Page:Conscience - Le Lion de Flandre, 1871.djvu/345

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À la gauche de la clairière s’élevait une magnifique tente en drap bleu de ciel galonné d’argent, au sommet de laquelle se trouvait un écusson où était brodé un lion de sable en champ d’or : ces armoiries indiquaient que la tente était habitée par une personne du sang des comtes de Flandre. C’était la comtesse Mathilde qui s’était placée sous la protection des métiers et campait parmi eux. Deux dames de l’illustre maison de Renesse étaient venues de la Zélande lui servir de compagnes et d’amies : rien ne lui manquait ; le noble seigneur zélandais lui avait envoyé le plus magnifique mobilier et les plus précieux vêtements. Deux détachements de bouchers, armés de haches étincelantes, se trouvaient des deux côtés de la tente, et servaient de gardes du corps à la jeune comtesse.

Le doyen des tisserands se promenait de long en large devant la porte de la tente ; il semblait plongé dans une profonde préoccupation, car ses yeux ne se détachaient pas du sol. Les gardes le contemplaient en silence, et n’osaient parler, tant ils respectaient la méditation de l’homme qui s’était montré à eux si grand et si noble. En ce moment il était occupé à réfléchir au moyen de former un camp général. Pour que les vivres ne fissent pas défaut, lui-même avait partagé l’armée en trois corps ; il avait installé à Damme les bouchers et les compagnons des autres métiers sous le commandement de Breydel ; Lindens s’était porté sur Fluis avec deux mille