Page:Conscience - Le Lion de Flandre, 1871.djvu/346

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tisserands, et de Coninck lui-même était resté avec deux mille autres à Ardenburg. Mais cette division de l’armée, imposée par la nécessité, lui pesait, et il eût voulu pouvoir réunir tous les corps avant le retour de monseigneur Guy. C’est pourquoi il était venu à Damme, et s’était déjà entretenu avec Jean Breydel à ce sujet. Il attendait qu’il lui fût permis de voir la fille de son suzerain et de lui présenter ses hommages.

Pendant qu’il mûrissait son projet en se promenant, la portière de la tente se souleva, et Mathilde s’avança à pas lents sur le tapis qui se trouvait à l’entrée. Elle était pâle et souffrante ; ses jambes fléchissantes la soutenaient à peine, elle chancelait à chaque pas, et s’appuyait lourdement sur le bras de la jeune Adelaïde de Renesse qui l’accompagnait. Son costume était riche, mais sans recherche ; elle avait renoncé à tout ornement emprunté, et ne portait pour tout bijou que la plaque d’or sur laquelle se détachait le noir lion de Flandre.

De Coninck s’était découvert, à la vue de sa souveraine, et se tenait devant elle dans une attitude respectueuse. Mathilde sourit avec une expression qui allait à l’âme ; sur ses traits se mêlaient une profonde souffrance et une douce satisfaction, car elle était heureuse de voir le doyen.

— Soyez le bienvenu, maître de Coninck, dit-elle d’une voix faible, soyez le bienvenu, notre bon et fidèle ami ; vous le voyez, je ne suis pas bien, je