bœufs stupides, et ils croient que nous fléchirons sous leur tyrannique oppression ; mais, Dieu le sait, ils ne nous connaissent pas, et se trompent en nous jugeant d’après les damnés léliards.
— Oui, ces bâtards crient : Vive la France ! ils flattent bassement l’étranger ; mais quelque chose attend aussi ceux-là, car, en me donnant tant de peine pour affiler ma hache, je ne les ai pas oubliés !
— Non, Martin, non ! tu ne dois pas verser le sang de tes compatriotes, de Coninck l’a défendu.
— Et Jean de Gistel, cet infâme traître, lui laissera-t-on la vie ?
— Jean de Gistel mourra, et il faut qu’il expie la mort du vieil ami de de Coninck ; mais que ce soit le seul !
— Et les autres renégats resteraient impunis ? Voyez-vous, maître, cette pensée me pèse, je ne puis m’y faire.
— Leur punition sera assez grande : le déshonneur, le mépris seront leur lot ; nous les honnirons et les accablerons de nos dédains. Et dis-moi, Martin, ne trembles-tu pas à l’idée que chacun puisse te cracher au visage, et dire : — Tu es un renégat, un lâche, un traître à ton pays ! c’est ce qui leur arrivera.
— Oh ! oui, maître, vos paroles me font frémir ! quel affreux châtiment ! en vérité, c’est mille fois pire que la mort ; quel infernal supplice pour eux, s’ils avaient un cœur flamand !