Page:Conscience - Le Lion de Flandre, 1871.djvu/380

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et la promesse de de Coninck ; il fut heureux de pouvoir, au moins, sauver le gouverneur de la Flandre, et s’écria :

— Je suis le sire de Mortenay, qu’on me laissa passer !

Les klauwaerts lui livrèrent passage respectueusement et sans lui opposer la moindre résistance.

— Par ici, par ici, suivez-moi ! cria-t-il aux Français qui restaient en vie : il croyait pouvoir les sauver ainsi ; mais les Flamands donnaient tant et de si terribles coups de hache, que bien peu parvinrent à s’échapper. Le nombre en fut si petit, qu’avec de Châtillon, il n’y eut pas plus de trente personnes qui purent atteindre la demeure de messire de Mortenay ; tous les autres étaient morts ou se débattaient convulsivement dans leur sang. Breydel arrêta ses hommes devant l’hôtel du gouverneur de la ville, et leur défendit d’y pénétrer ; il fit cerner le quartier, afin que personne ne pût s’échapper, et se chargea de garder lui-même l’entrée de la demeure de messire de Mortenay.

Pendant que ce combat avait lieu, de Coninck était à la recherche du dernier Français dans la rue des Pierres, aux environs de Saint-Sauveur. Les autres métiers en faisaient autant dans les quartiers qui leur avaient été assignés. On jetait les cadavres dans les rues, qui en étaient tellement encombrées qu’on n’y avançait qu’avec peine dans l’obscurité. Un grand nombre de soldats de la garnison s’étaient déguisés,