Page:Conscience - Le Lion de Flandre, 1871.djvu/385

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— Eh bien, je vous annonce que je veux partir pour Courtray dans une heure.

— Que Dieu vous garde !

— Vous n’avez donc aucune pitié pour des chevaliers désarmés ?

— Ils n’ont pas eu pitié de nos frères, il nous faut leur sang. La potence qu’ils ont dressée est encore debout.

De Mortenay referma la fenêtre et dit aux chevaliers menacés :

— Messires, je vous plains, on veut verser votre sang. Oh ! vous courez grand danger, mais j’espère, avec l’aide du Seigneur, pouvoir encore vous sauver. Il y a une sortie derrière le jardin par laquelle vous pouvez réussir à échapper à vos ennemis altérés de sang. Déguisez-vous et montez à cheval ; puis je franchirai la porte avec mes serviteurs, et, pendant que j’attirerai ainsi sur moi l’attention des bouchers, vous pourrez gagner à la hâte les remparts. Près de la porte des Forgerons, le mur est ouvert par une brèche. Il ne vous sera pas difficile de gagner la campagne ; on ne pourra arrêter vos chevaux.

De Châtillon et de Gistel acceptèrent ce moyen avec joie. Le gouverneur prit les habits de son chapelain et de Gistel ceux d’un laquais de bas étage ; une trentaine de Français, qui avaient survécu au massacre, prirent des chevaux dans les écuries et se préparèrent à fuir avec leur chef.

Quand tous furent prêts, messire de Mortenay