Page:Conscience - Le Lion de Flandre, 1871.djvu/394

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avait retenti dans l’âme de de Coninck, une voix qui disait :

— Prends garde ! ces gens cherchent des esclaves !

À ce cri, le noble citoyen avait frémi de douleur et d’indignation.

— Esclaves ! nous, esclaves ! dit-il, ô Seigneur, mon Dieu, vous ne le permettrez pas ! Le sang de nos pères libres a coulé à flots pour vos autels, ils sont morts dans les sables de l’Arabie avec votre nom sacré sur les lèvres ; oh ! ne souffrez pas que leurs fils s’abâtardissent sous le joug de l’étranger, afin que les temples qu’ils vous ont élevés ne soient pas remplis de vils esclaves !

De Coninck avait fait cette prière au Seigneur dans le fond de son âme ; mais Dieu lit dans le cœur de l’homme. Il trouva dans le héros flamand toute la générosité et toute l’intelligence dont il l’avait doué, et il laissa tomber sur de Coninck un rayon émané de lui. Rempli, tout à coup, d’une mystérieuse énergie, le Flamand sentit se doubler sa puissance, et s’écria avec exaltation :

— Seigneur, j’ai senti votre main droite toute-puissante toucher mon front ; oui, je sauverai mon pays ! Je ne laisserai pas fouler aux pieds, par des étrangers, les tombes de mes pères… Soyez béni, mon Dieu, de ce que vous m’avez appelé à une aussi sainte mission !

Depuis ce moment, de Coninck n’eut plus au cœur