Page:Conscience - Le Lion de Flandre, 1871.djvu/436

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assaut à repousser. Les approvisionnements étaient aussi tellement diminués, que la garnison ne recevait plus que la moitié des vivres nécessaires. Le châtelain espérait que la vigilance des Flamands finirait par s’endormir, et qu’il trouverait l’occasion d’envoyer un messager à Lille où était l’armée française.

Arnould d’Audenaerde, qui était arrivé quelques jours auparavant avec trois cents hommes au secours de Courtray, s’était établi avec ses gens sous les murs de la ville, dans la plaine de Groningue, aux environs de l’abbaye. Cette position était éminemment favorable pour un campement général, et cette destination lui fut assignée dans un conseil de guerre convoqué par Guy. Dès le lendemain, tandis que le métier des charpentiers était occupé à la construction des machines de siége, le reste de l’armée flamande fut conduit hors de la ville pour creuser les fossés du camp. Les tisserands et les bouchers reçurent chacun un hoyau ou une bêche, et se mirent à l’œuvre avec ardeur ; les retranchements furent élevés comme par enchantement ; l’armée entière rivalisait de zèle au travail ; c’était une véritable lutte de dévouement. Bêches et boyaux s’élevaient et s’abaissaient avec une telle rapidité que l’œil ne pouvait les suivre, et la terre volait en grosses mottes au sommet du retranchement, comme les pierres innombrables qu’une ville assiégée lance à l’ennemi.