Page:Conscience - Le Lion de Flandre, 1871.djvu/450

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point. Le ménestrel était aussi atterré que s’il eût vu la mort devant lui : tout en regardant le doyen avec anxiété, il murmura quelques paroles qui ne furent pas entendues par les bouchers.

Jean Breydel saisit le parchemin, le déploya et le considéra pendant longtemps, sans que cette contemplation pût lui rien apprendre ; à cette époque, en dehors du clergé, peu de gens savaient lire, et les nobles eux-mêmes étaient la plupart plongés dans la plus profonde ignorance.

— Qu’est-ce que cela, misérable que tu es ? s’écria Breydel.

— C’est une lettre de messire de Lonchyn, balbutia d’une voix entrecoupée le faux ménestrel.

— Attends ! reprit le doyen, je vais savoir ce qu’il en est.

Il tira son couteau et coupa la cire qui enveloppait le sceau. Il aperçut les fleurs de lis, les armes de France, et s’élança en rugissant sur l’inconnu qu’il saisit par la barbe, et, tout en le secouant violemment, il s’écria :

— Ah ! c’est une lettre de messire de Lonchyn ? Non, c’est une lettre du châtelain de Lens, et tu es un infâme espion. Tu vas mourir d’une mort terrible, scélérat !

À ces mots, il tira si fortement la barbe de l’espion que les cordons qui attachaient cette barbe à la tête se brisèrent, et Breydel reconnut ses traits. Il le repoussa en arrière avec une telle colère qu’il alla