Page:Conscience - Le Lion de Flandre, 1871.djvu/470

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— C’est très-bien, dit Breydel, mais je n’en ai nul besoin. Quand je suis libre de mes mouvements et que j’ai ma hache au poing, je ne crains rien. Vraiment je ferai belle figure à la bataille, roide et embarrassé comme je le suis ! Non, non, messires, je ne veux pas de tout cela ; aussi, seigneur comte, je vous prie, de me permettre de rester simplement bourgeois jusqu’après la bataille ; alors je ferai connaissance avec cette gênante cuirasse.

— Faites comme il vous plaira, messire Breydel, répondit Guy, mais vous êtes et vous resterez chevalier !

— Eh bien, s’écria le doyen avec joie, je suis le chevalier à la hache ! merci, merci, illustre comte.

À ces mots, il quitta le cortége et rejoignit ses hommes ; ceux-ci le reçurent en témoignant leur joie par des cris de bien-venue qui n’avaient pas de fin. Breydel était encore à quelque distance de ses bouchers, que toutes les pièces de son armure gisaient par terre. Il ne conservera que l’écusson que Mathilde lui avait suspendu au cou.

— Albert, mon ami, cria-t-il à l’un de ses hommes, ramasse ces armes, et porte-les dans ma tente ; je ne veux pas de fer sur mon corps, puisque vos poitrines nues osent affronter les coups de l’ennemi ; je veux assister à la fête en tenue de boucher. On m’a fait noble, camarades, mais cela n’y fait rien, mon cœur est et demeure cœur de boucher ; les étrangers s’en apercevront bien. Allons, rega-