Page:Conscience - Le Lion de Flandre, 1871.djvu/476

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pas voulu combattre les Flamands, si le véritable état des choses lui eût été connu ; mais on l’avait induit en erreur, de même que bien d’autres, en affirmant que les Flamands étaient de mauvais chrétiens, et que, par conséquent, ce serait une œuvre méritoire devant Dieu que de les exterminer jusqu’au dernier[1]. À cette époque de foi fervente, il suffisait d’accuser quelque d’hérésie pour en faire l’ennemi mortel de tous.

À la gauche du comte d’Artois se trouvait Balthazar, roi de Majorque, guerrier impétueux et brave, c’est ce qu’annonçait assez sa physionomie ; il était impossible de supporter l’ardent regard de ses yeux noirs. Une joie sauvage illuminait ses traits, parce qu’il espérait rentrer en possession de son royaume, que les Maures lui avaient enlevé. Auprès de lui était le sire de Châtillon, ancien gouverneur de la Flandre, l’homme qui, comme instrument de la reine Jeanne, était la cause de tous les malheurs survenus ; c’était par sa faute que tant de Français avaient été mis à mort à Bruges et à Gand ; il était cause aussi de l’horrible boucherie humaine qui était immi-

  1. Et, étant arrivé à Lille, Robert d’Artois dit aux deux rois de Majorque et de Mélinde : « Je crois les Flamands pires que les Sarrasins, car ce sont de mauvais chrétiens ; aussi, s’ils tentent de s’ameuter contre nous et que nous les réduisions à néant, jamais nous ne ferons chose si agréable à Dieu, et il nous en tiendra aussi bon compte que si nous conquérions toute la Barbarie… (L’excellente Chronique.)