Page:Conscience - Le Lion de Flandre, 1871.djvu/479

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loyaux Flamands, attendaient l’ennemi de pied ferme, eux, leurs seigneurs, se trouvaient dans le camp français. Quel fatal aveuglement poussait ces fils abâtardis à déchirer, comme des serpents, le sein de leur mère ? Ils allaient, sous un étendard ennemi, verser le sang de leurs compatriotes sur le sol de la patrie ; le sang d’un frère ou d’un ami peut-être ; et pourquoi ? pour faire du pays qui leur avait donné le jour une terre de servitude, et le soumettre au joug de l’étranger.

Ces bâtards n’avaient donc point de cœur qui leur fît pressentir l’ignominie et l’opprobre qui les attendaient ; ils ne sentaient pas la morsure du ver rongeur de la conscience ! Les noms de ces Flamands indignes ont été conservés à la postérité ; parmi un grand nombre d’autres, les principaux étaient : Henri de Bautersem, Geldof de Wynghene, Arnould d’Eyckhove et son fils aîné, Henri de Wilre, Guillaume de Redinghe, Arnould de Hofstad, Guillaume de Craenendonck et Jean de Raneel.

Tous les convives mangeaient dans des plats d’argent ciselés et buvaient les vins les plus exquis dans des coupes d’or. Celles qui se trouvaient devant Robert d’Artois et devant les deux rois étaient plus précieuses que les autres ; leurs armoiries y étaient sculptées avec art, et maintes pierreries d’une inappréciable valeur y étaient enchâssées. Durant le repas, on parla beaucoup de l’état des choses, et le langage des convives ne faisait que trop comprendre