Page:Conscience - Le Lion de Flandre, 1871.djvu/518

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

chit en ce moment le ruisseau avec un bon nombre de cavaliers, et se lança en pleine course sur Guillaume de Juliers. L’arrivée de ce renfort devait encore empirer la situation des Flamands sur ce point ; le nombre des ennemis à combattre devenait trop grand, et il était impossible de leur résister. Le Normand, en apercevant la bannière de Guillaume, lança son cheval avec la rapidité d’une flèche, et abaissa sa lance pour en percer le porte-étendard, mais Philippe de Hofstade, à cette vue, s’élança, à travers quelques Français, au devant de Mertelet. Le choc des deux chevaliers fut si violent que les deux lances s’enfoncèrent dans les deux poitrines ; le fer meurtrier avait percé le cœur de chacun des combattants. Les deux champions et leurs chevaux restèrent immobiles, comme si une puissance surnaturelle avait soudainement arrêté leur élan et glacé leur ardeur ; on eût cru qu’ils se considéraient attentivement et ils pesaient de tout le poids de leur corps sur la lance, comme s’ils trouvaient un cruel plaisir à torturer davantage leur ennemi ; mais cela ne dura pas longtemps, bientôt le cheval de Mertelet fit un mouvement et les deux cadavres tombèrent sur le sol.

Messire Jean de Renesse, qui se trouvait à l’aile droite, remarquant le danger que courait Guillaume de Juliers, quitta sa position, et, s’élançant derrière la ligne, vint tomber sur le flanc des Français avec Jean Breydel et ses bouchers. Rien ne pouvait résister à des hommes tels que les bouchers de Bruges.