Page:Conscience - Le Lion de Flandre, 1871.djvu/528

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luttant contre les bouchers, à quel peuple ils avaient à faire. Cependant ils ne perdaient pas courage ; ils étaient encore beaucoup plus nombreux que les Flamands, et un assez grand nombre d’entre leurs corps n’avaient point encore pris part à la lutte.

Tandis que l’avant-garde de l’armée française avait ainsi le dessous, le comte d’Artois se trouvait, avec la deuxième division, à une plus grande distance de l’armée flamande. Comme la ligne de bataille de l’ennemi n’était point assez étendue pour qu’on pût engager à la fois des troupes aussi considérables que les siennes, il n’avait pas encore marché en avant. Ne sachant pas comment la lutte tournait, il s’imagina que ses hommes avaient sans nul doute l’avantage, car il n’en voyait revenir aucun. Sur ces entrefaites, il envoya messire Louis de Clermont, avec mille cavaliers normands, attaquer l’aile gauche de l’armée flamande. Le sire de Clermont réussit à trouver de ce côté un terrain ferme ; il parvint à franchir le ruisseau avec tout son détachement et vint tomber à l’improviste sur les troupes commandées par Guy. Celles-ci, assaillies par derrière par de nouveaux ennemis, alors que le corps de messire de Châtillon leur donnait déjà assez de besogne, ne purent tenir davantage ; les premiers rangs furent renversés et taillés en pièces, la confusion se mit dans les autres, et toute cette partie de l’armée flamande recula en désordre. La voix de Guy, qui les conjurait, au nom de la patrie, de tenir bon, ranimait