Page:Conscience - Le Lion de Flandre, 1871.djvu/536

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Comme s’il fût tombé mort, il s’abaissa sur la terre, rampa sur les mains et les pieds entre les chevaux, et se releva brusquement auprès de Louis de Clermont ; de toutes parts les épées s’abattaient sur lui, mais il se défendait si bien qu’il ne reçut que quelques contusions. Il ne montrait en rien qu’il en voulût à l’étendard, voire même lui tournait-il le dos ; mais, tout à coup, il se retourna, abattit le bras de celui qui portait la bannière et mit celle-ci en pièces.

Le moine allait certainement trouver la mort, mais déjà tout le gros de l’armée avait pu arriver jusqu’à lui ; les Français qui le cernaient furent refoulés en désordre. Le chevalier à l’armure dorée avait dispersé en quelques instants les ennemis qui entouraient Guy, et il marchait toujours en avant sans trêve ni relâche. De sa masse d’armes, il brisait sur sa route les casques et les crânes, et ne rencontrait personne qui pût lui résister ; tous ceux qui tombaient assommés par lui étaient foulés aux pieds par les chevaux. Guy se rapprocha de lui, et lui dit d’une voix rapide :

— Ô Robert, mon frère bien-aimé, combien je remercie Dieu de ce qu’il vous ait envoyé ici ! Vous avez sauvé la Flandre !…

Le chevalier mystérieux ne répondit point, mais plaça son doigt sur ses lèvres, comme s’il eût voulu dire :

— Du secret ! du secret !

Adolphe avait aussi remarqué ce geste, et il réso-