Page:Conscience - Le Lion de Flandre, 1871.djvu/540

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grâce. Le frère Guillaume sourit ironiquement et lui fendit la tête jusqu’à la nuque ; le chancelier, privé de vie, tomba la face dans son sang. Les seigneurs de Tancarville et d’Aspremont furent renversés par la masse d’armes du chevalier à l’armure dorée. Guy fendit d’un coup la tête de Renaud de Longueval, et Adolphe de Nieuwland renversa de selle Raoul de Nortfort. Plus de cent gentilshommes perdirent la vie en quelques instants.

Messire Rodolphe de Gaucourt, les deux rois Balthazar et Sigis, avec soixante et dix chevaliers d’élite, avaient lutté longtemps contre les Gantois de Jean Borlunt. Les deux rois et tous leurs compagnons avaient mordu la poussière, et Rodolphe, dont le cheval s’était abattu, se tenait encore debout au milieu de ses ennemis auxquels il faisait face avec une merveilleuse intrépidité. Il luttait contre les Gantois avec une souveraine habileté et les tenait à distance par de formidables coups d’épée. Tout à coup il aperçut un groupe d’une quarantaine de chevaliers français et se réfugia au milieu d’eux ; mais Jean Borlunt le poursuivit à la tête d’un nombre considérable de Gantois. Bientôt les quarante chevaliers eurent succombé, et Rodolphe de Gaucourt se défendait toujours avec le même courage. Épuisé par les blessures et par la lassitude, il s’affaissa enfin sur les cadavres de ses frères d’armes et les Gantois coururent à lui pour le mettre à mort ; mais Jean Borlunt ne voulut pas que le brave Français perdît la vie : il le fit trans-