Page:Conscience - Le Lion de Flandre, 1871.djvu/541

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porter en arrière de la ligne de bataille et le prit sous sa protection[1].

Bien que, dans cette lutte ardente, les premiers rangs de l’armée française eussent subi une éclatante défaite, les Flamands faisaient peu de progrès, parce que de nouveaux renforts ennemis venaient sans cesse prendre la place de ceux qui avaient succombé.

Le chevalier à l’armure dorée combattait comme un vrai lion, à l’aile gauche, contre tout un détachement de cavalerie. À ses côtés luttaient avec un égal courage Guy et Adolphe de Nieuwland ; ce dernier se précipitait à tout instant au milieu des rangs ennemis, et avait mis maintes fois sa vie en péril : on eût dit qu’il avait résolu de mourir sous les yeux du chevalier à l’armure dorée, « Le père de Mathilde me voit ! » pensait-il, et alors il sentait ses poumons aspirer l’air plus librement ; il sentait plus de force dans ses muscles, il sentait dans son âme un plus grand mépris de la mort. Le chevalier à l’armure dorée lui cria plusieurs fois de ne pas s’exposer ainsi ; mais ces paroles, qui retentissaient à l’oreille d’Adolphe comme un éloge, produisaient sur lui un effet tout contraire ; car, à chaque appel du chevalier à l’armure dorée, le cheval du brave jeune homme bondissait vers l’ennemi et l’entraînait plus avant dans les rangs français. Heureusement pour lui qu’un bras plus puissant que le sien veillait sur sa vie et qu’il y avait

  1. Notice de Voisin.