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Page:Conscience - Le Lion de Flandre, 1871.djvu/56

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neur autour du vieux comte. Quelques-uns d’entre eux logeaient momentanément au château, les seigneuries des autres étaient voisines de Wynendael.

Tous attendaient avec curiosité la nouvelle ou l’ordre que le comte allait leur donner, et se tenaient debout et la tête découverte, avec respect, devant leur suzerain déchu.

Quelques instants de silence suivirent. Enfin Guy de Dampierre leur adressa la parole en ces termes :

— Messires, vous savez que ma fidélité envers mon suzerain, le roi Philippe, est la véritable cause de mes malheurs. Quand il me chargea de demander aux communes les comptes de leur administration, je résolus, en vassal soumis, de satisfaire à sa demande. Mais Bruges refusa de m’obéir, et mes sujets se révoltèrent contre moi. Quand j’allai en France avec ma fille pour rendre hommage au roi, celui-ci nous fit tous prisonniers, et ma fille gémit encore, à l’heure qu’il est, dans les cachots du Louvre ! Vous savez tout cela, messires, car vous étiez les féaux compagnons de votre prince. J’ai voulu, comme ma dignité l’exigeait, faire prévaloir mon droit par la force des armes, mais la fortune s’est déclarée contre nous : le parjure Édouard d’Angleterre a rompu l’alliance qu’il avait contractée avec moi, et nous abandonna à l’heure du péril. Aujourd’hui mon pays est conquis ; je suis devenu le dernier d’entre vous, et mes cheveux blancs ne peuvent plus ceindre la couronne comtale. Vous obéissez à un autre suzerain !